C’est un roman de la rentrée littéraire 2022 que je vous propose aujourd’hui, aux éditions Calmann-Levy. Ce fut une lecture très touchante !
"Zoé nichait à l’intérieur de moi, dans le moindre repli de ma peau, dans mon ventre, entre mes bras, derrière mes paupières, dans l’air que je respirais. Elle ne me laissait pas de répit."
Ce matin, Izia regarde son mari quitter l’appartement où ils ont élevé leur fille Zoé, renversée par un chauffard quelques mois auparavant. Izia n’a pas un geste pour le retenir. Elle est soulagée d’être seule avec son chagrin, libre de s’enfermer dans la chambre intacte de Zoé. Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau, reviennent. Izia comprend qu’elle doit vivre cet « après » et trouver une activité où nul ne sait rien de sa perte. Elle a l’idée de proposer ses services à des gens souhaitant débarrasser le domicile d’un proche disparu. Ainsi Izia devient-elle une drôle de déménageuse. Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune homme au franc-parler déconcertant et aux fragilités touchantes. Cette rencontre, et toutes celles suscitées par son travail incongru, sont les premiers fils bien fragiles qui ramèneront peu à peu cette femme perdue vers la vie.
Editions Calmann-Levy - 252 p.
C’est un livre sur le deuil qui change de ce que j’ai pu lire jusque-là. Ce n’est pas d’une tragédie que quelque chose de superbe, un peu “conte de fées” va sortir. Non, la nous sommes confrontée à deux parents, qui chacun, va essayer de s’en sortir de son côté en tant qu’individu. La tristesse d’Izia ne peut qu’être touchante et bien qu’il s’agisse là de la perte d’un enfant, celles et ceux qui ont connu le deuil, se reconnaîtront dans cette souffrance qui nous aspire, plus ou moins longtemps, selon chacun. J’ai trouvé que cette histoire de création d’entreprise de déménagement un peu spéciale était très intéressante, dans sa symbolique et apportait un peu plus de dimensions à ce personnage féminin. Concernant le duo de cette entreprise, je n’ai pas trouvé le schéma très original, cependant, il reste sympa à découvrir.
On alterne entre les points de vue, ce que j’apprécie personnellement beaucoup, car j’ai un peu plus l’impression de connaître les personnages. De les rencontrer véritablement. La plume de l’autrice, Cécile Pivot, est très agréable et fluide. Les émotions, les rebondissements s’enchaînent très bien et sont bien dosés aussi. C’est un livre sur le deuil qui n’est pas tragique, mais qui laisse place à la souffrance. Il montre aussi à quel point l’humain est habité par cet instinct de survie et que même lorsqu’il vit le pire, l’esprit et le corps arrivent à surmonter le chagrin, même le plus terrible.