Ana et Auguste forment un couple parfait. Tout juste mariés, ils profitent du soleil balinais : Ana admire l’océan Indien tandis qu’Auguste peint.
Soudain, tout s’effondre : un tremblement de terre survient et, dans la panique, Auguste court récupérer sa toile, lâchant la main d’Ana.
Après le passage du tsunami, le jeune homme reste introuvable, et comme les autres disparus arrachés à la terre ferme, les autorités le déclarent bientôt décédé.
Des années plus tard, la toile réapparaît entre les mains d’une commissaire-priseuse à New York.
Entraîné par une plume aussi délicate que feutrée, Une vague est un roman irrésistible et dérangeant, sur l’impossible deuil et notre envie insatiable de nouveau départ.
Éditions Stock - Cultura - Amazon - Note: Coup de 🤎
C’est un roman qui ne fait pas de bruit. Il glisse sous la peau. Et puis soudain, il reste là.
J’aime cette plume depuis longtemps, mais ici encore, Line Papin m’a cueillie avec une justesse rare. Il y a dans son écriture une manière de dire l’amour, la perte, sans jamais forcer le trait. Une délicatesse, presque invisible, mais tranchante comme le fil d’une lame. Elle n’adoucit rien, elle ne détourne pas le regard. Et pourtant, tout en elle est douceur.
On entre dans cette histoire comme on entrerait dans l’eau : sans savoir si elle sera tiède ou glaciale. Un couple. Ana. Auguste. Puis le silence. Un tsunami vient rompre ce qui semblait inébranlable. Ana le croit mort. Le lecteur aussi, presque. Alors commence le deuil. Un deuil lent, profond, enraciné. Il y a des années à traverser. Et cette fidélité silencieuse, presque sacrée, qu’Ana porte comme un manteau trop lourd. Celle de ceux qui aiment sans détour, même dans l’absence.
“Certaines absences prennent toute la place . Certaines vies sont même meublées d'absences , au point qu'elles annihilent toutes les présences ”
Pendant ce temps, Auguste est ailleurs. Il a refait sa vie. Il est devenu un autre. Il s’est détaché de ce qu’il était — ou peut-être a-t-il simplement découvert ce qu’il pouvait être, loin du regard des siens. Fils d’une famille riche, il trouve aux États-Unis une forme de liberté, presque inconcevable dans son ancienne vie. C’est un détail, mais il raconte beaucoup. Ana, elle, avait gravit l’échelle sociale avec une forme d’aisance presque naturelle. Et ce contraste, cette dissymétrie, dit quelque chose de profond sur leurs deux trajectoires. Sur leurs forces. Leurs choix. Leurs douleurs.
Ce roman, pourtant, n’est pas seulement une histoire d’amour. C’est l’histoire d’un arrachement. D’une reconstruction lente, silencieuse. Ana doit réapprendre à vivre. À être seule. À se reconnaître en dehors du couple. C’est là, peut-être, que réside toute la beauté du livre : dans cette idée que l’amour ne suffit pas toujours, mais qu’il laisse en nous une trace indélébile — une empreinte à la fois tendre et douloureuse.
Il y a quelque chose de cruel, oui. Mais aussi de terriblement humain. Ce texte nous rappelle que l’on peut survivre à ce que l’on croyait insurmontable. Qu’il faut parfois laisser partir ce qui n’est plus. Et qu’il est possible, malgré tout, d’aimer encore. De se choisir, soi. D’oser être heureux.
C’est un roman lumineux malgré la peine. Un de ceux qu’on lit d’un trait et qui, longtemps après, continue de parler en nous. Peut-être parce qu’il nous murmure cette vérité : on peut perdre l’autre, mais il ne faut jamais se perdre soi-même.
Line Papin signe là l’un de ses textes les plus forts. L’un de mes préférés.
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