En juin 1934, Anna quitte le nord de l'Italie pour s'installer avec son mari dans un petit village de la région de Salento.
Altière et rebelle, elle ne cède pas aux coutumes des femmes du Sud et se présente à l'examen public des services postaux.
Devenue la première factrice de Lizzanello, elle est durant plus de vingt ans le fils invisible qui relie les habitants du village.
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C’est l’Italie qui nous tend les bras, avec ses secrets, ses odeurs d’olivier et ses souvenirs enfouis. C’est l’histoire d’une famille que l’on suit sur plusieurs décennies. Une fresque douce-amère où la littérature, l’amour sous diverses formes, la fidélité et les silences s’entrelacent. Il y a quelque chose de profondément apaisant dans la simplicité apparente du récit. Et en même temps, une gravité, une mélancolie tapie dans l’ombre.
Anna m’a touchée. Une femme libre, lumineuse, amoureuse — mais qui porte aussi en elle les poids invisibles de son époque. Carlo, son mari, est plus flamboyant, plus instable aussi. Et puis il y a Antonio. Discret, sensible, et dont la loyauté semble traverser le temps sans fléchir. J’ai été émue par leur dynamique silencieuse. Tout se joue dans les regards, dans les gestes retenus, dans ce qui n’est jamais dit.
Le roman ne se limite pas à cette trame intime. Il embrasse une époque, un lieu, un village des Pouilles où le passé s’infiltre partout — jusque dans les pierres des maisons. Il raconte l’ascension d’une famille, leurs joies, leurs douleurs, leurs fêlures bien cachées. Rien n’est lisse. Rien n’est parfait. Et c’est ce qui rend cette lecture si précieuse.
La littérature italienne plane sur tout le roman comme un souffle. Luigi Pirandello, Alberto Moravia… Des noms glissés là, comme autant d’invitations à s’égarer plus loin, à prolonger l’écho. Et surtout, à écouter ce que la fiction peut révéler de nos propres silences.
Peut-être aurais-je aimé une fin plus lente, plus habitée. Certains passages auraient pu céder leur place à des instants que j’aurais voulu savourer davantage — Anna et Antonio, Daniele… Mais ce léger regret ne ternit pas la beauté du voyage.
"Une autre circonstance me tourmentait alors, le fait que personne ne me ressemblait et que je ne ressemblais à personne. Je suis seul et ils le sont tous."
Un roman profondément humain, qui parle de liens invisibles, de combats discrets et de tout ce que l’on tait par loyauté ou par pudeur. Si vous aimez les fresques familiales et les récits imprégnés d’Histoire, ce livre est pour vous.
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