Je suis très friande de mythologie grecque et d’histoire Antique en général. C’est avec un immense plaisir que je me suis plongé dans ce roman d’Elodie Harper. Le titre me donnait envie, tout comme son résumé.
Pompéi comme vous ne l’avez jamais lue…
Bienvenue à Pompéi, en l’an 74 avant notre ère. Amara, jeune grecque instruite, mais réduite en esclavage après la mort de son père, est vendue à bas prix à un lupanar sordide, l’Antre des Louves, dirigé par Félix, un homme violent et imprévisible. L’impétueuse Amara comprend vite que la cité a beaucoup d’opportunités à offrir à celles qui savent les saisir. Avec les autres prostituées, qui deviennent sa famille de coeur, elle gravit les échelons d’une société où les hommes détiennent le pouvoir, forçant les femmes à constamment s’adapter pour survivre. Des ruelles animées de Pompéi aux recoins les plus sombres de l’Antre des Louves, nul n’imagine une seconde que les prostituées connaissent les règles du jeu mieux que quiconque. Amara va apprendre à utiliser et à contourner les codes de ce monde impitoyable afin de regagner sa liberté.
Editions Calmann Levy - 240 p.
L’histoire nous plonge au sein de Pompéi. Ici, il n’est pas question de combat avec des gladiateurs ou encore de pouvoir politique ou même de la catastrophe qui rendra célèbre cette cité. J’ai tellement adoré ce roman que ses 240 pages ont été lu en une journée !
“-Tu n’es pas née esclave, pas vrai ? Ici, il n’est pas question de combat avec des gladiateurs ou encore de pouvoir politique ou même de la catastrophe qui rendra célèbre cette cité.
-Ça se voit comment ?
-Tu te comportes encore comme si ta vie avait de l’importance.”
Avant d’aborder l’histoire en elle-même, je voudrais m’arrêter sur la plume de l’autrice qui signe ici son premier roman. J’ai trouvé que le roman se lisait très bien, très facilement. La plume est très accessible, n’a rien de scientifique si cela peut rassurer celles et ceux qui peuvent prendre peur face à un roman historique. Ici, c’est une fiction qui est bien rythmée, qui est détaillée comme il le faut et qui nous invite à découvrir des personnages et surtout des femmes avec une force, des failles et des destins divers. C’est beau et reste réaliste ! J’ai trouvé que si la fin pouvait facilement se deviner, ce n’est pas grave, car ce sont les épreuves que subit le personnage principal qui importe.
Concernant l’intrigue, une chose que j’ai beaucoup apprécié, c’est qu’il n’y a pas d’actions à outrance. Pas de combat de gladiateurs ou encore de complot politique comme on peut en trouver concernant bien des fictions autour de cette époque historique. Ici, c’est la vie de prostituées qui évoluent à Pompéi. Rien n’est épargné et il y a cette réalité de la prostitution : les jours semblent se répéter, trop se ressembler et la cruauté des hommes ne cessent. La encore, j’ai trouvé que l’autrice abordait parfois la violence sexuelle, mais sans aller dans l’outrance, chose qui me faisait un peu peur. C’est une chose lassant parfois au sein de la littérature contemporaine qui malheureusement ne dénonce rien, mais joue sur le voyeurisme à mon sens. Ici, c’est bien dosé : le sexe est abordé puisqu’on suit un groupe de prostituées, les louves, mais sans aller dans le trash.
“Timarété, les esclaves aussi sont maîtres de leur bonheur ! Nos émotions sont même la seule chose qui soit à nous...”
C’est aussi le destin de femmes : des prostituées qui tombent mères, celles orphelines et celles qui le deviennent car vendus. C’est terriblement vrai d’une certaine façon et j’ai aimé ces destins différents qui apportent à chacune une particularité, une sensibilité particulière. Elles sont toutes différentes, on peut penser un peu sténotyper peut-être d’une certaine façon, mais attachantes. Même Felix, le gérant de ce bordel arrive à avoir une certaine sensibilité même si l’autrice, à mon sens, arrive à ne pas jouer sur cette corde sensible et que les lui pardonne trop facilement son comportement. De plus, il ne faut pas oublier que ces personnages appartiennent à une époque particulière et qu’il faut les “étudier” aussi via ce prisme.
L’intrigue est agréable et on suit cette prostituée qui n’en est pas une de naissance : Amara qui veut arriver à obtenir cette liberté qui les fait toutes rêver. II n’y a pas vraiment ce schéma du prince charmant qui va la libérer et j’ai apprécié ceci et donne au personnage plus de relief et de forces. Cela reste cohérent avec sa psychologie. Il y a de la sensualité, des corps essoufflés et meurtris, de la joie et du malheur. Un condensé touchant et bouleversant parfois.
C’est un roman avec des décors qui nous invite dans les rues de Pompéi, qui montre toute cette société aristocratique, mais aussi ceux qui sont sans argent. Je trouve que la promesse est tenue concernant cette plongée dans cette cité antique qui encore aujourd’hui invite à la rêverie de ce passé figé.
C’est donc un roman parfait pour cet été, et je vous invite à faire la connaissance de ces femmes seules malgré ces hommes, ou la cohabitation avec leurs compagnes de galère.