Tout ce que le coeur n'oublie jamais - Kelly Rimmer



Depuis la naissance de son deuxième enfant, Alice a vu sa vie basculer. Face à ce garçon qui ne sera jamais comme les autres, tout passe au second plan, y compris sa fille aînée et son mari. Mais quand Hanna, sa grand-mère, est hospitalisée à la suite d'un AVC, elle ne peut lui refuser sa dernière volonté : elle accepte de se rendre en Pologne pour y retrouver les traces des êtres chers que son aïeule a perdus dans sa fuite sous l'occupation nazie.

Armée pour seuls indices d'une liste de noms et de quelques mots en polonais, Alice se sépare pour la première fois de son fils et se lance dans une quête qui la mènera au coeur d'un douloureux passé familial.Entre la Pologne occupée et la frénésie de la vie moderne, un roman poignant autour des vérités que l'on ne peut dire et de leurs conséquences dévastatrices.Une histoire captivante et émouvante sur l'amour, le chagrin et la résilience.

Éditions Le Livre de Poche - ⭐️: 5/5 - Amazon - Cultura



Il y a, dans certains romans historiques, une manière douce de parler des plaies ouvertes. Une façon de faire surgir l’émotion non pas par le choc, mais par l’humanité nue des personnages. C’est ce que j’ai ressenti en lisant ce roman : une lecture émouvante, sincère, qui apporte une fraîcheur rare au sein de la fiction historique consacrée à la Seconde Guerre mondiale.


Ici, la grande Histoire se tisse à travers la petite. Deux voix, deux temporalités se répondent avec justesse : celle d’Alice, femme d’aujourd’hui, mère d’un petit garçon autiste, perdue dans un rôle de femme au foyer qu’elle n’a pas tout à fait choisi. Et celle d’Alina, sa grand-mère polonaise, que l’on suit dans les premières heures de la guerre, alors que le monde vacille. Deux femmes que tout semble séparer, mais qui sont unies par un lien invisible, indélébile, et une même quête d’identité, de vérité.


Ce fil qui les relie est tissé avec finesse tout au long du roman. J’ai trouvé l’alternance entre leurs points de vue naturelle, fluide, et l’écriture de Kelly Rimmer empreinte d’une tendresse lucide. Elle a su créer des personnages profondément crédibles, imparfaits et touchants. Leur vulnérabilité n’est jamais surjouée, elle est simplement là, dans le quotidien, dans le silence, dans ce qu’elles n’osent pas toujours dire.

Alice m’a émue par son courage discret, ce courage qui prend racine dans cette charge mentale que tant de femmes portent encore aujourd’hui. Alina, elle, m’a impressionnée par sa force, sa résilience, sa capacité à préserver une forme d’espoir dans l’ombre grandissante de la guerre. Deux figures féminines différentes, mais tout aussi essentielles.


L’histoire, prenante et bien rythmée, se dévore rapidement. Les rebondissements sont justes, jamais artificiels. Ce que j’ai trouvé particulièrement réussi, c’est la façon dont l’autrice montre que les conséquences de la guerre ne s’arrêtent pas avec les armes, qu’elles se transmettent, qu’elles s’impriment dans les souvenirs, dans les corps, dans les silences familiaux. Le passé devient un héritage à déchiffrer, à embrasser ou à fuir.

La fin m’a profondément touchée. Sans rien dévoiler, je peux simplement dire qu’elle est amenée avec émotion et sobriété, dans le prolongement de tout ce que le roman nous fait ressentir. Une conclusion douce-amère, qui honore les combats menés en silence.


Et puis, il y a cette ferme polonaise. Ce décor simple, rude, qui permet de ressentir à hauteur humaine ce que fut cette guerre : une tragédie qui s’infiltre dans chaque recoin du quotidien, dans les gestes les plus ordinaires, et qui abîme les jeunes années, même lorsqu’on essaie de les protéger. Ce cadre rural m’a semblé profondément juste, porteur d’une vérité peu abordée.


C’est une histoire de femmes, de mémoire, d’amour sous toutes ses formes — l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour que l’on se doit à soi-même. Une histoire qui emporte, qui serre le cœur, et dont la simplicité rend la lecture presque addictive.



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