La virtuose - Harriet Constable



Le monde a oublié son nom. Il est temps de connaître son histoire. Harriet Constable voue son premier roman à la mise en lumière des artistes femmes oubliées de l'Histoire, en racontant l'histoire vraie d'Anna Maria della Pietà, violoniste vénitienne d'exception du XVIIIe siècle ayant largement contribué à l'œuvre de Vivaldi avant d'être effacée par son mentor. 

Éditions Albin Michel - ⭐️: 3/5 - Amazon - Cultura 


Ce roman fait partie de ces récits discrets mais précieux. Il nous conduit dans les couloirs feutrés et confinés d’un institut pour jeunes filles dans l’Italie du XVIIe siècle, où la musique devient souffle de liberté autant que chaîne invisible. J’ai été touchée par l’intention qui habite ce livre. Il s’inspire de faits réels, et cela donne au récit une densité particulière. L’autrice, en fin d’ouvrage, revient sur ce qui a nourri son écriture. Ce moment-là, j’ai pris le temps de le savourer. 

C’est un éclairage nécessaire, presque intime. Cela donne tout son sens à l’histoire d’Anna Maria, jeune fille talentueuse, dont l’oreille semble capable de saisir la musique comme une langue cachée, comme un secret inscrit dans l’air. L’immersion dans cette époque est réussie. On ressent la poussière des salles, les tensions sous-jacentes, les non-dits imposés par le rang, le sexe, la naissance. Le monde musical y est richement dessiné, et l’on comprend, dans le ressenti d’Anna Maria, dans son écoute si fine des notes et des silences, toute la profondeur de son lien à la musique. Elle ne joue pas : elle vit à travers chaque vibration. 

Mais ce roman, s’il a su me faire réfléchir, ne m’a pas totalement emportée. Les personnages m’ont paru rester en surface — j’ai eu du mal à m’y attacher. Comme des visages entrevus dans une foule, ils ont quelque chose d’éphémère, de lointain. L’écriture, douce mais parfois trop retenue, souffre de quelques longueurs qui affaiblissent le rythme de l’intrigue. Il m’a manqué un élan, un frisson, quelque chose d’un peu plus viscéral pour que ce livre devienne inoubliable. Reste cette beauté ténue : celle d’un roman qui rappelle que même dans les lieux clos, même derrière les portes verrouillées par la société, des voix ont vibré. Des voix de femmes, de jeunes filles, qui ont résisté à l’effacement par la force des notes.

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