Contes et récit fantastiques - Théophile Gautier


 

Fables de vampires, histoires de doubles et de sortilèges, ce recueil évoque par bien des traits une taverne allemande d'Hoffmann, avec ses monstres inquiétants et ses fantômes grinçants. On y retrouve, en effet, les thèmes chers à la première génération romantique, et notamment sa fascination pour le fantastique venu d'Ecosse ou de Rhénanie. A ceci près, cependant, que Théophile Gautier imprime sa marque propre à cet univers trouble de la rêverie humaine : chaque récit reçoit un supplément d'angoisse et de surnaturel qui renforce sa dimension fantastique et l'agrémente d'un surcroît de mystère. L'un des proches de Théophile Gautier avait affirmé que " c'était peu de dire qu'il était superstitieux, il était la superstition même... " Ces Contes et récits fantastiques en sont la parfaite illustration. Derrière le bon vivant se cache en fait un homme taraudé par les sombres figures de l'irrationnel. A sa manière, peut-être, un devancier du Breton de Nadja, lequel dénonce la vanité de " la conventionnelle opposition de la folie et de la raison qui se refuse à faire la part de l'irrationnel ".

Editions Hachette Education - Cultura - Amazon - Note : 4/5


Il y a des auteurs que l’on croise sans vraiment les lire. Des noms entendus en marge d’un cours, glissés dans une note de bas de page, évoqués comme des figures un peu lointaines, un peu poudrées. Et puis, un jour , on ouvre un recueil signé Théophile Gautier, et on comprend. On comprend pourquoi certains textes traversent le temps avec cette grâce intacte, presque suspendue.

J’ai lu ce recueil de nouvelles comme on traverse un jardin d’ombres : avec curiosité, parfois avec crainte, mais toujours avec ce sentiment d’être happée dans un autre monde.Comme souvent avec les recueils, certaines nouvelles m’ont laissée plus forte impression que d’autres.

Mais toutes portent cette même empreinte — une langue riche sans lourdeur, fluide sans facilité, une écriture qui caresse les contours du réel avant de s’en écarter, doucement, pour faire basculer le lecteur dans un ailleurs. J’ai été particulièrement marquée par deux textes : “La Morte Amoureuse” — probablement l’un des plus célèbres de Gautier — et “Arria Marcella”, tout aussi fascinant.

Dans les deux, il y a ce glissement du réel vers le rêve, du désir vers la perte de soi. Des hommes séduits, fascinés, absorbés par l’image d’une femme qui n’est peut-être qu’un mirage, une illusion née de leur propre regard.

C’est troublant. Et étrangement actuel.

Il y a chez Gautier cette manière de parler du fantastique comme d’un trouble du cœur. Ce n’est jamais un choc brutal, mais un frisson.

Quelque chose d’organique, qui vient lentement effacer les frontières entre le visible et l’invisible, entre le présent et l’éternel.

Ce recueil est, je crois, une très belle porte d’entrée vers l’univers de Gautier.Accessible, sans jamais être simpliste. Romantique, sans mièvrerie. Fantastique, mais avec cette élégance toute dix-neuvième qui fait qu’on se sent toujours un peu invité·e, jamais pris·e au piège.

C’est une lecture parfaite pour les jours gris, les bougies allumées, la tasse qui fume doucement à côté. Pour celles et ceux qui aiment les textes qui laissent une empreinte. Et peut-être qu’il serait temps que je pense à Théophile Gautier comme à un auteur d’automne, à part entière.

Un de ceux qui savent que les feuilles tombent, mais que les fantômes, eux, restent.

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