Est-il possible que le contraire de l’oubli ne soit pas le souvenir, mais la justice ?
« On ne parlait pas de lui dans ma famille, il ne figurait sur aucune photo. Ce n’est que plus tard que j’ai appris la raison de ce silence : Boris [Kinstler] avait en réalité fait partie de la milice meurtrière de Cukurs, le Kommando Arajs, une unité de SS lettons. Il était ensuite devenu agent du KGB, puis avait disparu. »
Ainsi commence l’enquête de Linda Kinstler : une plongée dans l’histoire longtemps inavouée de sa famille qui se transforme peu à peu en une véritable traque de nazis sur trois continents. En recollant les morceaux du puzzle qui relie son grand-père à Herberts Cukurs, dit le « boucher de Riga », Linda Kinstler se demande avec effroi à quel point sa propre famille a participé aux assassinats de ce Kommando qui, en 1942, n’a laissé que 4 000 survivants sur les 70 000 Juifs lettons. Et que tient-elle de cet aïeul dont la mémoire semble avoir été effacée à dessein ?
Editions Denoel/ Prix: 23€ / Cultura /Amazon / Decitre
Mon avis
La quatrième de couverture me faisait envie : une histoire familiale, autour du thème du nazisme avec tout ce que cela représente. Une complexité entre loyauté familiale et la grande Histoire. J’avais très envie de découvrir cela, cette destinée noircie et secrète autour de la figure de ce grand-père dont l’autrice sait que peu de choses. Malheureusement, je n’ai pas accroché à ce roman. J’ai tenté d’aller plus loin que sa première partie, mais je ne l’ai pas terminé. Pourquoi ? Parce que je n’aime pas le genre policier et que de l’histoire familiale qui avait tout pour être développé, elle a vite été rattrapé par quelque chose de plus grande. Certes, cela peut être intéressant, et c’est important de montrer ces parcours. Néanmoins, comme je le dis toujours, la lecture est avant tout une expérience personnelle. Et personnellement, ce prisme, choisi par l’autrice, m’a empêché de rentrer dans cette affaire.
J’attendais plus de ce roman. Je voulais savoir comment on peut vivre aujourd’hui cette filiation familiale avec une figure qui a pris part dans l’Histoire, dans quelque chose de criminel. Les photographies donnent cette sensation que l’on va rentrer dans l’intimité de ce huit-clos, de cet omerta. L’enquête amène une dimension supplémentaire, une recherche dynamique qui pouvait apporter quelque chose à l’intrigue de base. Malheureusement, comme je le disais, de cette figure de grand-père, on découvre d’autres noms, d’autres destinées et finalement, on s’éloigne de ce que je recherchais de base dans ma lecture. Je ne dis pas que le livre est mauvais, ce n’est pas le cas. Cependant, je tiens juste à souligner cette impression pour celles et ceux qui pourraient comme moi, avoir d’autres attentes qui ne seront pas assouvies.
Évidemment, de cette enquête policière, il y a des éléments historiques, politiques intéressants comme cette carrière dans le KGB, de cet anonymat, de ces vies multiples et de ces secrets autour de ces figures qui paraissent être inaccessibles, y compris pour celles et ceux qui furent les plus proches… Mais aussi, sur une plus grande échelle, l’autrice tend de montrer la part de culpabilité des soviétiques par exemple et mentionne les procès de Nuremberg. Je ne rentre volontairement pas dans les détails de cette enquête, car c’est ce qui fait l’essence même de l’intrigue.
Sachez donc que si vous appréciez cette époque, que le côté policier vous plaît, alors c’est une enquête qui a toutes ses chances de vous plaire !
* Service presse - Chronique non-rémunérée*