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Journal d'une résidence sur une plantation de Géorgie (1838-1839) - Fanny Kemble


 


Lors d’une tournée triomphale en Amérique, Fanny Kemble (1809-1893), célèbre actrice britannique, rencontre Pierce Butler à Philadelphie et quitte la scène pour l’épouser. Quand elle réalise que la fortune son mari provient d’une vaste plantation de coton et de riz sur les îles maritimes de Géorgie, elle n’a de cesse que d’aller voir de ses propres yeux ce qu’il en est de la situation de ses esclaves qu’il affirme bien traités. Pendant l'hiver 1838-1839, elle découvre leur condition à la fois « ordinaire » et affreuse.

Choquée, elle consigne ses observations dans son journal et raconte ses efforts pour tenter d’améliorer la vie des esclaves face à la résistance obstinée de son mari. Au retour, Pierce Butler lui interdit de publier son livre, la prive de ses deux fillettes et la persécute au point qu’elle doit rentrer en Grande Bretagne. Le divorce est prononcé en1849. La guerre de Sécession éclate en 1861. Quelques mois plus tard, à Londres, Fanny Kemble publie son récit qui devient un instrument du combat abolitionniste.

Considéré par les historiens comme un document exceptionnel dans la littérature de l’esclavage américain, constamment réédité dans le monde anglo-américain depuis sa parution, le texte de Fanny Kemble est traduit et publié en France pour la première fois.


Editions Mercure de France / Prix: 12€ / Cultura / Decitre / Amazon





Mon avis

Fanny Kemble est issue d’une grande famille d’acteurs et connaît le succès, également dans sa carrière d’autrice. Malheureusement, son mariage avec Pierce Butler met fin à la carrière de cette dernière, qui subit elle aussi sa condition, celle d’être une femme. Elle laisse donc l’Angleterre derrière elle et donc un pays qui est en avance sur la question, par rapport aux Etats-Unis. C’est donc avec un regard critique, et avec une certaine éducation donc, qu’elle arrive sur la plantation de son époux. La jeune anglaise se retrouve à la fois loin de la ville et de la vie culturelle qui lui manque, et sur une plantation qui n’est pas un quotidien anodin. Loin de tout, elle va donc devoir se faire au confort de ce genre de demeure et va découvrir le quotidien des esclaves.

“Certes les nègres sont nourris, vêtus et logés, et les paysans irlandais affamés, nus et sans toit, mais être libre - être son propre maître, pouvoir choisir et décider - est un don bien supérieur à la nourriture au vêtement ou au toit ; être privé de confort est plus tolérable que d’en disposer tout en étant privé de liberté.”

La force de cet ouvrage, c’est le regard critique et presque moderne sur la condition des esclaves, et notamment des femmes noires. Fanny Kemble qui a donc le temps par sa situation, explique dans ce journal un quotidien précis qui permet d’avoir un vrai portrait de cette époque américaine. Elle explique clairement par exemple le racisme existant touchant dans le Nord des Etats-Unis, alors que les personnes noires sont éduquées, ont même accès à une certaine place sociale et que l’on continue à mépriser. Malgré son mariage, Fanny Kemble n’hésite pas non plus à montrer toute l’hypocrisie des hommes blancs du sud des Etats-Unis qui couchent avec leurs esclaves, qu’ils ne cessent pourtant de mépriser, de rabaisser et qui alors que leur supériorité semble si évidente vont créer des lois, dont celle du mariage interdit avec une femme noire. Ce sont des exemples plutôt forts qui sont de parfaits exemples de ce que l’on peut trouver dans ce roman qui me semble très important !

D’une façon limpide, elle exprime clairement que l’on interdit l’accès à l’éducation, que l’on contrôle la religion des personnes noires toujours dans une volonté de contrôle pour garder la domination sur cette population. Est-ce à cause de son statut de femme, anglaise qui plus est, qu’elle apparaît si éclairé sur le sujet ? Néanmoins, cela est vraiment pertinent et intéressant surtout lorsqu’elle aborde la question des femmes noires qui enchaînent les grossesses qui les épuisent, en plus de leur travail difficile, et qui parfois ont des enfants dans le seul but de pouvoir trouver un court répit à leurs tâches quotidiennes dans les champs, en plus de permettre au maître d’obtenir plus d’esclaves. C’est terrible à lire, mais c’est une réalité de cette sombre période. Ce féminisme est très présent tout au long du roman, avec la condition des femmes et de l’accès à l’hygiène, à la santé ainsi que dans leur maternité.

“Mais cela est interdit aux esclaves, non pas parce qu’ils ne peuvent pas, mais bien parce qu’ils peuvent s’empresser d’en saisir (…). Dès qu’ils sont un peu éclairés, ils comprennent leur misère.”

Évidemment, on peut faire la critique qu’à plusieurs reprises, Fanny Kemble peut paraître comme vouloir se montrer supérieure à ces gens de couleurs qu’elle tente d’aider dans une bonne volonté. Néanmoins, son témoignage est important, car il donne des détails sur la vie dans une plantation à la fois dans la vie quotidienne, mais aussi dans l’intendance d’un tel environnement.

Je vous encourage vraiment à lire ce document, qui est une critique qui peut paraître très moderne sur l’esclavagisme et qui témoigne du racisme à cette époque. Un rappel important, à ne pas oublier et qui en plus de cela est très bien écrit, avec une justesse de détails tout en restant très accessible !



* Service presse - Chronique non-rémunérée*

Mamzelle Potter - Blog littéraire

Blog littéraire né 2017 pour partager la passion des livres d’une trentenaire lyonnaise. Coups de cœur, déceptions, de la littérature jeunesse à celle classique, en passant par les thrillers et ceux graphiques ! Je partage aussi mon organisation livresque, ma vie de blogueuse littéraire.

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