C’est un roman que j’ai beaucoup aimé et lu à la suite du roman que je vous ai présenté il y a quelques jours, “Une vie” de ce même auteur brillant, Maupassant !
Pierre et Jean : le docteur et l'avocat, le brun et le blond, le nerveux et le placide, le dur et le tendre. Radicalement opposés, ces deux frères, tout en menant une existence paisible au Havre, vivent sous la tension d'une de ces jalousies dormantes " prêtes à se réveiller " à l'occasion d'un mariage ou d'un bonheur tombant sur l'un ". Or on apprend qu'un ami de leurs parents a légué sa fortune à Jean, seul. Pourquoi Pierre n'hérite-t-il pas ? Cette question lancinante le conduira à exhumer un vieux secret de famille... Psychologie, crise, émotion : Maupassant se renouvelle dans Pierre et jean. Paru en 1888, alors que le naturalisme subissait de violentes attaques, ce récit marque un tournant majeur, du roman de mœurs au roman d'analyse, dans l'oeuvre de l'écrivain. Cette édition donne, pour la première fois, les variantes du manuscrit du " Roman ", la célèbre étude dont Maupassant a fait précéder Pierre et jean.
C’est un roman que j’ai vraiment aimé et qui aborde à la fois la Normandie, si chère à l’auteur si on s’intéresse un peu à sa vie (je vous y encourage d’ailleurs.). Les personnages sont toujours aussi attachants, les descriptions bien pesées” et moins lourdes que celles de Zola, qui appartient, je vous le rappelle au genre naturaliste quand Maupassant appartient bien plus au réalisme. Il y a d’ailleurs un rapport à la nature puisqu’il est question à plusieurs reprises de navigation, dans ce cadre normand.
D’ailleurs, les autres thèmes abordés ici sont la jalousie fraternelle ainsi que l’adultère (et le rapport à la mère). J’ai trouvé que Maupassant a su aborder la question de la jalousie fraternelle d’une façon assez légère, tout en restant sérieux et crédible. Pierre en effet est l’aine et va avoir des difficultés à la fois à se trouver, mais aussi à s’établir professionnellement quand le cadet hérite d’une somme importante et va pourvoir s’établir plus rapidement et répondre aux critères de la société de l’époque.
“Il portait en lui un petit point douloureux, une de ces presque imperceptibles meurtrissures dont on ne trouve pas la place, mais qui gênent, fatiguent, attristent, irritent, une souffrance inconnue et légère, quelque chose comme une graine de chagrin.”
De plus, l’adultère est ici apporté d’une façon assez originale, car Pierre va être réellement torturé et va torturer sa mère psychologiquement à coup de non-dits et de petites remarques. Ainsi, Maupassant permet à la fois à son personnage mais aussi au lecteur de ne plus voir cette figure féminine non pas sous le prisme stricte de la maternité, mais aussi en tant que femme. L’auteur était d’ailleurs proche de sa mère et je trouve que cette information biographique apporte une dimension supplémentaire (et plus intéressante) à ce choix fait.
C’est facile à lire, très fluide et plutôt court. Même si je n’ai pas eu le même coup de coeur qu’avec “Une vie”, j’ai adoré me plonger dans ce roman. Du début à la fin, j’ai été captivé par cette histoire.