Le permis : Pour des parents bien élevés - Joseph Delhomme, Océane Jeanty


Couverture du livre
  • ✒️ Par Joseph Delhomme, Océane Jeanty
  • ✨ Ma note : ⭐️⭐️⭐️⭐️/5
  • 📚 Éditeur : La boîte à bulles - SP
  • 📄 Nombre de pages : 144 pages
  • 🌷 A paraître en Aout 2025
  • 📂 Genre : BD - Contemporain

☕️ Résumé

Dans un futur proche, la société a trouvé un remède à toutes nos angoisses : la méditation en toute occasion et l’obtention de permis dès qu’on désire franchir une nouvelle étape dans sa vie. Désormais, les inégalités ne se fondent plus que sur le mérite individuel : pour accéder à la propriété, il suffit de réussir les épreuves du permis immobilier, et pour avoir le droit d’élever un enfant, c’est le permis bébé qu’il s’agit d’obtenir.Lorsque Liz tombe involontairement enceinte, son mari Denis et elle n’ont plus de temps à perdre et se lancent dans une préparation intensive du précieux sésame. Pour cela, ils se voient attribuer un couple de formateurs bienveillants mais intransigeants, des « grands-parents » qui les confrontent aux situations les plus extrêmes – voire farfelues – possible : entrainements à l’allaitement, courses-poursuites en tricycle, agression en pleine rue… Un enfant, plus que toute autre chose, ça se mérite.Pour Liz et Denis, l’échec n’est pas une option car il risqueraient de devoir abandonner leur enfant… à moins de partir vivre et l’élever de l’« autre côté »…

🖋️ Mon avis

Je ne m’attendais pas à ça. En ouvrant ce roman graphique, j’avais en tête une intrigue centrée sur la parentalité, sur cette idée glaçante de devoir passer un permis pour avoir un enfant. Le point de départ m’avait intriguée, presque séduite par sa brutalité assumée. Mais très vite, j’ai compris que ce livre n’allait pas se contenter de traiter la maternité ou la parentalité : il allait bien plus loin. Ou peut-être ailleurs.
Ce que j’ai trouvé, derrière des planches colorées, presque douces, c’est un monde dystopique terriblement crédible, à peine exagéré. Un monde où la sérénité est obligatoire, où chaque émotion est filtrée, coachée, analysée. C’est une critique nette, parfois ironique, souvent dérangeante, de notre société contemporaine, de ce qu’elle exige de nous sous couvert de bien-être et de contrôle.
Alors oui, j’ai été surprise. Agréablement parfois, un peu frustrée aussi. Car si le propos est riche, les pistes ouvertes sont nombreuses mais rarement approfondies. J’aurais aimé que certains thèmes, comme le deuil, la solitude ou même les relations de couple, soient davantage creusés. Ce manque de profondeur laisse parfois l’impression d’effleurer beaucoup sans réellement plonger.
Et pourtant… il se passe quelque chose dans cette lecture. Le malaise s’installe subtilement, les détails visuels perturbent : la ligne claire, les décors trop lisses, les dialogues un peu mécaniques… Tout concourt à créer une atmosphère étrange, décalée, comme un rêve trop poli. L’inconfort est volontaire, et c’est précisément ce qui rend l’expérience intéressante.
Finalement, ce roman graphique ne m’a pas marquée pour sa réflexion sur la parentalité qui semble servir de tremplin pour aborder la société en générale, mais bien pour sa manière de pointer l’artificialité de nos vies connectées, régulées, calibrées. C’est un livre qui m’a déstabilisée, qui ne m’a pas complètement conquise, mais qui a su me faire réfléchir, même après l’avoir refermé. Les planches sont agréables à l’oeil, colorées apportant finalement un plus à cette utopie.

Et c’est peut-être cela, la réussite d’un bon récit dystopique : ne pas nous offrir toutes les réponses, mais nous laisser avec de vraies questions.


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