De tous temps, ce sont bien souvent les femmes qui payent le prix des crimes des dieux et des hommes. Le roi Minos règne d'une main de fer sur la Crète, terrorisant ses ennemis vaincus, ses sujets et sa propre famille. Lorsque la cité vaincue d'Athènes envoie douze de ses enfants en sacrifice au terrible Minotaure, la princesse Ariane se rebelle. Ariane a entendu trop de contes et de récits dans lesquels les plus faibles, les femmes surtout, subissent les conséquences des actes des puissants.
Elle, est déterminée à tracer son propre destin. Et parmi les douze otages, Thésée va lui fournir l'occasion de contrer et fuir la tyrannie de son père. La légende du Labyrinthe s'enclenche. Tour à tour princesse, traitresse, faiseuse de héros... le parcours d'Ariane fut semé d'embuches, à l'instars de celui de sa soeur, Phèdre, mais aussi ponctué de rencontres fabuleuses. En ce temps-là, dieux et héros rodaient sur terre, repoussant les femmes dans l'ombre.
Jennifer Saint braque la lumière sur ces héroïnes du passé, très modernes.
Editions Sabran / Prix: 19,90€ / Cultura / Amazon / Decitre
Mon avis
C’est un ouvrage que j’ai été ravie de découvrir. J’ai été déçue par le passé de certaines réécritures autour de la mythologie grecque, à cause de plusieurs détails, dont parfois un langage que je trouvais un peu trop familier et qui ne collait pas aux personnages mythologiques. Mais ici, pour Ariane, tous les ingrédients furent réunis pour une lecture réussie.
J’ai beaucoup aimé cette lecture. Pour commencer, j’ai trouvé que Jennifer Saint avait une plume très fluide, très agréable et elle a su avec brio mener son intrigue jusqu’à la fin. Je n’ai pas trouvé de moments trop longs, malgré la longueur du roman ce qui est généralement bon signe sur la qualité du roman. Elle a su donner une jolie dimension aux personnages, se les approprier tout en gardant leur identité de base. C’est un détail que j’ai aussi aimé, étant très friande de littérature antique si vous me lisez depuis un moment.
"J'avais lu un mélange de doute et de crainte dans les yeux d'Ariane, mais elle avait toujours peur. Pas moi. Je savais depuis longtemps que les monstres existaient. La destruction de tout ce que la vie avait de beau et de bon à offrir ne pouvait me causer aucune frayeur, parce que tout avait été anéanti avant je puisse m'en souvenir. J'avais grandi dans les vestiges abîmés et ternis des jours dorés de ma sœur. Elle savait ce que que de tout perdre, mais moi, je n'avais rien au départ."
Concernant le personnage d’Ariane, j’ai trouvé qu’elle était fidèle aux mythes de base : ce n’est pas une héroine, elle subit malheureusement Persée et Dionysos et en cela, j’ai trouvé que Jennifer Saint avait eu raison de respecter cela. Certes, cela ne fait pas d’elle une figure féministe et “badass” comme c’est la mode dans le Young Adult, mais elle ne l’a jamais été. J’ai apprécié découvrir sa petite sœur, qui elle, pourrait coller à cela si c’est l’effet qui est recherché de la part du lectorat, malgré la tragédie qu’elle connaîtra aussi. J’ai aimé découvrir ces deux voix, ces deux destins liés et encore plus parce qu’elles sont des femmes. J’ai trouvé que Jennifer Saint avait su mesurer la cruauté de chacun des personnages surtout concernant Dionysos, leurs peurs et bien mesurer la romance aussi. Cela apporte une vraie profondeur aux personnages.
Je dirais donc que ce roman sonne juste pour une réécriture : Jennifer Saint à su s’approprier la mythologie grecque, sans la dénaturer ou la rend trop contemporaine ! Un joli moment livresque !
Service presse - Chronique non-rémunérée