Le jour de Noël 1860, devant la cathédrale de Beaumont enneigée, Angélique, une enfant trouvée et martyrisée, cheveux blonds et regard couleur de violette, est recueillie par Hubertine et son mari Hubert. Ils élèvent la sauvageonne qui apprend la broderie et se met à lire avec passion La Légende dorée de Jacques de Voragine. Une vie de travail et de piété, illuminée bientôt par lidylle qui se noue entre Angélique et Félicien. La publication de La Terre, le précédent roman des Rougon-Macquart, a valu à Zola des critiques acerbes. On dénonce la grossièreté de son art : « Il est des âmes pures et des curs héroïques, écrit ainsi Anatole France. M. Zola ne le sait pas. » Pour prendre le contre-pied de ces attaques, le romancier se décide à évoquer des personnages irréprochables et des sentiments purs. Et, en 1888, ce changement de registre correspond à l’attente de son public : quelques critiques ont beau ironiser, le romancier gagne son pari et Le Rêveest un succès.
Editions Livre de Poche / Prix: 4.90€ / Cultura / Amazon / Decitre
Mon avis
Si vous me suivez depuis un certain temps, vous savez que je me suis engagée dans une relecture des œuvres de Zola. J’avance doucement dans les œuvres de ce grand auteur français, lisant entre temps d’autres romans pour mieux retrouver cette plume qui est un réel délice. Néanmoins, arrivée à ce roman, il ne m’en reste plus beaucoup à (re)découvrir dans cette saga incroyable que sont les Rougon-Macquart. Je vous laisse d’ailleurs retrouver mes précédentes chroniques ici.
“Si vous saviez quelle abominable torture ! Je n'avais jamais souffert ainsi, l'unique douleur est de ne se croire pas aimé... Je veux bien tout perdre, être un misérable, mourant de faim, tordu par la maladie. Mais je ne veux plus passer une journée, avec ce mal dévorant dans le cœur, de me dire que vous ne m'aimez pas... Soyez bonne, épargnez-moi…”
Concernant “Le rêve”, j’ai eu un immense coup de cœur pour cette histoire qui m’a donné la sensation de lire un conte. Il y a une chose différente dans le début de ce roman qui contraste énormément avec les précédents tomes. J’ai encore trouvé la plume de Zola très intéressante et complètement entraînante aux côtés de cette jeune fille, Angélique, qui est prise à la fois par sa dévotion envers les vierges sacrées et sa famille qui l’a recueillie et son métier de couturière lui permettant d’exprimer son amour pour ces figures féminines religieuses mise en avant, mais aussi son talent artistique. Assez marquée par son enfance compliquée jusqu’à ce qu’elle soit adoptée par ce couple aimant, qui s’aime aussi terriblement et qui connaît l’infertilité, Angélique va grandir dans un monde reclus qui va s’ouvrir grâce au jeune homme qui va tomber amoureux d’elle.
“La pensée que je ne vous aurais pas me faisait mourir. Déjà, mes membres s'engourdissaient, une folie emportait ma tête... Et c'est pourquoi je suis revenu. Je ne sais par où j'ai passé, comment j'ai pu arriver jusqu'à cette chambre.”
Leur romance est tendre, passionnée et sera mise à mal par les événements qui sont plus grands qu’eux. On va suivre toute la douleur des deux protagonistes, intense et qui peut emporter une âme qui se retrouve encore solitaire. C’est beau et tendre et l’écriture de ce tome qui laisse vraiment penser à un conte, est très intéressante et douce. Une parenthèse dans cette saga rude et cruelle.
Zola arrive à parler de la religion d’une façon encore différente que dans La conquête de Plassan ou encore la faute de l’abbé Mouret. Il arrive avec une grande facilité à créer un univers complet : on se retrouve complètement immergé dans le décor de cette petite maison qui est un des quelques décors de ce roman. Ce couple aussi, tendres et affectueux et audit, m’a beaucoup charmé. Une douceur incroyable.
Un roman doux et intense, passionnant !