Vous aurez beau arpenter les moindres recoins des fabuleuses collections du Musée du Louvre, joyau de la capitale et de la culture françaises, vous n'y verrez presque aucun objet archéologique mis au jour en France. Tous, dont des splendeurs, sont délaissés au Musée de Saint-Germain-en-Laye, attendant dans l'ombre, des crédits, du public, voire un président qui s'emparerait du lieu pour en faire son « grand projet ». Pourquoi un tel déni institutionnel, donc institutionnalisé, vis-à-vis de notre patrimoine ?
Certes, c'est un travers bien humain qui consiste à toujours regarder ailleurs plutôt que de baisser les yeux pour fouiller sous ses pieds. Déjà, au deuxième siècle de notre ère, l'écrivain voyageur Pausanias, autant historien que géographe, écrivait que les Grecs montraient « plus de talent à admirer ce qui provient de l'étranger que ce qui se trouve chez eux, en sorte que si les meilleurs de leurs érudits ont analysé dans le moindre détail les pyramides des Égyptiens, ils n'ont pas accordé le moindre souvenir au Trésor de Minyas ou aux murs de Tirynthe, qui ne sont en rien moins admirables » (Béotie, IX, XXXVI, 5).
En France toutefois, ce travers prend des allures de névrose nationale aux conséquences ahurissantes, parfois dramatiques. C'est l'histoire singulière de ce complexe que raconte ce livre engagé et documenté. Porté par deux savants à la passion communicative, il retrace le destin tourmenté de notre patrimoine archéologique, s'autorisant toutes les questions qui fâchent, dont la plus pressante : et maintenant ?
📖 Editions Les Belles Lettres / 350p. / ⭐️⭐️⭐️⭐️ / 5 / Cultura - Amazon
✒️ Mon avis
L'ouvrage explore les relations des Français avec leur passé archéologique, depuis la prise de conscience de la préservation des monuments au VIe siècle jusqu'à l'émergence de l'archéologie moderne au XIXe siècle. Il aborde des thèmes tels que l'impact de la Révolution française sur la protection des monuments, et l'évolution des politiques archéologiques jusqu'à nos jours, soulignant l'importance de la documentation et de la responsabilité morale envers le patrimoine historique.
C’est un ouvrage très intéressant qui montre tout le retard en France sur cette question, qui s’ajoute au manque criant de chercheurs, archéologues,… C’est dommage et triste à la fois, car un tel patrimoine est important notamment autour de la question de l’identité. La démonstration est bien menée, de façon chronologique et je dois dire que cela est très bien écrit. Ayant eu l’occasion de lire des ouvrages historiques plus “lourds”, ici cela se lit vraiment bien !
Je ne peux que vous inviter à le lire, car c’est intéressant cette question de nos vestiges, sur notre propre sol, nous qui avons tendance à toujours regarder ailleurs !